Ce métier criant que nous aimons la nature!

Par Isabel Harrisson

 

Avec le retour du beau temps, plusieurs retourneront glaner à l’extérieur et peut-être faire du Land Art.

Dans le cadre du Land Art international qui a eu lieu à Saint-Jean sur Richelieu, Québec, Canada, le Blog Art Floral Pro (BAFpro) a eu la chance d’interviewer plusieurs artisans floraux et artistes prenant part à cette expérience particulière.

L’équipe canadienne, formée de Robin Ouellet et André Meunier s’est démarquée avec une œuvre représentative de la culture amérindienne, faisant référence à plusieurs symboliques profondes de cette culture.   Dans un esprit de partage et de convivialité, les deux artistes nous confient comment le Land Art s’est imposé dans leur vie et nous parle d’émotion.

BAFpro : En soulignant que votre travail est intéressant et particulier, nous aimerions savoir qui vous êtes, quel est votre parcours professionnel?

ÉC :

Robin : Ouf! C’est une longue histoire! J’ai une formation en horticulture paysagiste et ornementale, mais j’ai passé la majorité de ma carrière comme fleuriste et comme acheteur, développeur de produit pour des compagnies de fleurs permanentes. En bref, ce qui m’a amené au Land Art est sans conteste l’amour de la nature.

André : J’ai personnellement un parcours professionnel très différent de celui de Robin et qui, de prime abord, ne semble pas lié à la nature. J’arrive du monde des Arts par le théâtre, par la marionnetterie, puis par le théâtre d’objet où l’on apprend que tout objet peut prendre vie. On peut dire que le Land Art fait partie de mon cheminement puisqu’il me rapproche de l’objet naturel, prendre cet objet et le « faire parler ».   Je suis maintenant davantage dans la thérapie par l’Art et le Land Art s’inscrit bien dans cette approche.   Donc, j’aime cette conception de faire dire quelque chose au matériel naturel… et à travers le jardin aussi puisque pour moi c’est une passion amateur, mais profonde.   D’ailleurs, avec Robin, nous développons un jardin depuis plus de 15 ans et souhaitons amener les gens dans ce jardin pour faire de l’art.

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BAFpro : Robin, un jour tu as dit que nous avions un métier qui cri que nous aimons la nature. Nous aimerions savoir ce que cette connexion avec la nature vous apporte, qu’est-ce que ça vous apporte de faire du Land Art?

ÉC : C’est vrai qu’il y a la nature puisqu’ici c’est notre médium, mais au-delà de ça, il y a les rencontres. Dans un Land Art international, il y a des gens de partout dans le monde et de se rendre compte que malgré les barrières linguistiques, on se comprend, car ce qui nous parle c’est la nature et l’art, c’est quelque chose de très puissant. Quand on va dans un musée et que l’on voit les peintures, les sculptures, peu importe la forme d’art, on n’a pas besoin d’avoir des mots : on a juste à observer et les émotions montent.   De prendre ces éléments naturels qui semblent inertes et de les faire « parler » avec tous ces gens de partout dans le monde qui vivent cette même émotion, c’est du bonheur!

Il y a aussi la rencontre avec les gens qui passent et qui sont confrontés à ces œuvres. Chez tous les artistes qui font du Land Art, il y a ce désir de raconter leur travail et ainsi de donner une voix à la nature; c’est une belle poésie qui nous permet à tous de sortir de notre petit univers personnel et de partir à la découverte de l’autre à travers cette même nature.

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BAFpro : Pour tous ceux qui nous écoute, nous avons une dernière question : de nombreux artisans floraux travaillent très dur et sont parfois prisonnier de leur quotidien. Vous nous parlez d’amour de la nature et de la rencontre, comment l’artisan peut-il s’approprier ces valeurs du Land Art et les appliquer?

ÉC : La communication c’est important! Je pense que de prendre le temps de parler de sa passion, de ce que l’on offre, d’expliquer ce que l’on fait et pourquoi, des formes des couleurs, des significations, des provenances… des émotions que les fleurs peuvent inspirer… il s’agit de faire raconter une histoire à notre médium, à faire du sens dans l’esprit du client.

Il faut aussi poser les bonnes questions. Au travail on est souvent pressé, mais il ne faut pas négliger la rencontre : c’est gens nous font l’honneur de venir dans notre boutique pour être conseillé, pour magnifier un moment heureux ou mettre un baume sur un événement malheureux… et le fleuriste est présent dans tous les événements importants : ce n’est pas banal! De là l’importance de poser des questions et de bonnes questions. 

Ne pas oublier de se reconnecter en tant qu’être humain, à autrui et aussi à cette nature, dont nous faisons partie. Et de faire de l’art! Peu importe que ça soit beau, prendre le temps d’expérimenter et de regarder ce que font et vivent les autres. On passe trop souvent à côté d’un bonheur simple!

BAFpro : Merci Robin, merci André de l’équipe canadienne de nous avoir fait découvrir votre façon de voir le Land Art et le métier d’artisan floral qui est franchement rafraîchissante et qui nous ramène à des valeurs simples, mais fortes.

Des questions et des commentaires?

Quelle idée vous vient en tête pour mieux exprimer à votre client votre amour de la nature?