Croire en la magie du travail d’adaptation!
Impression Land Art par Isabel Harrisson
Récemment, j’ai eu la chance de voir travailler les artistes qui étaient présents pour le Land Art international sur Saint-Jean sur Richelieu, Québec, Canada. Je désire vous parler de cet événement particulier, car, pour l’artisan floral, le lien entre le type de travail qui est fait dans ce contexte et celui qui est fait en boutique est parfois difficile à faire.
Pour avoir vu ces équipes de partout au monde faire preuve de prouesses techniques, je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que le lien est clair, et que de l’établir nous permet d’avoir une meilleure vision sur les diverses méthodes utilisées. À travers 3 œuvres, j’aimerais attirer votre attention sur diverses techniques applicables dans notre travail quotidien et qui représente un gage de rapidité, d’efficacité et d’originalité.
Magnifier un mouvement naturel avec respect et sensibilité!
La première pièce dont il est question est celle de l’équipe de Singapour. Ils ont fait une œuvre monumentale. Lorsqu’ils ont visité le parc où ils devaient travailler, ils ont eu un coup de cœur pour un arbre fortement courbé et balayé par le vent. Aussi, cette équipe à décidé d’appuyer ce mouvement avec un effet de vague et une répétition de cet effet en décrescendo. Pour y parvenir, ils ont utilisé une technique d’entrelacement de branches qui permet d’avoir un maximum de solidité, tout en conservant la transparence. La maîtrise de cette technique en travail de boutique nous permet de faire des constructions stables sans l’ajout de matériel superflu au point de vue de la fixation. Dans certaines compositions, on veut garder un côté pur et éviter les lourdeurs visuelles ou des dépassements de coûts que les fils décoratifs et autres composantes que l’on peut utiliser pour solidifier nos bases peuvent occasionner. Cette technique est une réponse à ce désir de faire des compositions à la fois solides et visuellement légères.
Mêmes matériaux et de multiples possibilités, savoir suivre sa propre vision.
La seconde pièce que j’ai choisie est celle de la Suède. Ce qui est particulier ici, c’est que cette équipe a également décidé d’appuyer le mouvement d’un arbre courbé et balayé par le vent, comme l’équipe de Singapour, mais que cette idée s’est exprimée complètement différemment à travers une autre technique. C’est pour dire qu’avec le même matériel et la même idée, des artistes différents composeront des œuvres très différentes! Cette équipe a fait un travail de délicatesse et de détail en soulignant le mouvement de l’écorce de l’arbre. Pour y parvenir, ils ont fait un travail de tension en insérant des branches tendues dans les divers interstices de l’écorce de l’arbre. Le défi est de trouver le juste milieu entre la courbe désirée et la solidité, sans l’aide de fixation non naturelle. Ils ont complété le tout en exploitant une cavité de l’arbre pour y faire un travail de contraste. En boutique, de savoir maîtriser la tension des éléments, jusqu’où on peut courber ou plier est plus qu’utile. Par exemple, en éco design, si je veux insérer des éléments, à l’horizontale, à l’intérieur d’un vase de verre pour bloquer mes fleurs, sans faire éclater le vase, j’utiliserai la même technique que l’équipe suédoise à utiliser dans sa pièce. Enfin, on peut avoir l’impression que certaines de nos compositions manquent de punch. D’utiliser la technique de la zone focale en contraste dans une zone protégée (encagement) est un excellent moyen de contrecarrer cet effet.
Transformer le désir en composant avec ce qui nous entoure!
La dernière pièce, mais non la moindre est celle de la Lituanie. Encore une fois, suite à leur visite du parc, ils ont choisi un lieu qui leur permettait d’exprimer leur idée, autour d’un arbre très droit qui était près d’un arrêt d’autobus et d’une zone animée. Ils ont voulu affirmer qu’il fallait parfois s’arrêter et profiter de l’environnement et pour ce faire, ils ont créé un mouvement de flèche qui s’arrête brusquement. Dans cette œuvre, ce mouvement est induit par des bases de branches de sapin qu’ils ont fendu pour y insérer d’autres branches de la même variété, en respectant une forme très nette. Le fait d’utiliser cette technique apporte beaucoup de solidité à cette structure faite d’éléments courts et trapus et est applicable en contexte de boutique avec de nombreux matériaux qui peut nous sembler compliqué à stabiliser sans l’ajout de fixations extérieures. Cette structure légère repose sur une base de buche très pesante. Cette opposition entre le poids visuel apporte dynamisme et vie à l’œuvre, au même titre qu’à nos compositions de taille plus modeste et plus commerciale.
C’est vieux comme le monde de raconter une histoire…
Enfin, je reviens sur ce désir de raconter quelque chose, de se donner à travers son travail. Toutes les équipes, tous ces grands professionnels tenaient le même discours : l’art floral ce n’est pas seulement de faire des bouquets et des arrangements, mais aussi de se servir de nos connaissances pour se donner et susciter une émotion chez nos clients par le biais de notre médium qui est la nature. Je pense que c’est primordial, car souvent, on oublie que ce que l’on vend, ce ne sont pas des fleurs, mais plutôt notre travail et de l’émotion. Le Land Art m’a fortement impressionné et m’a donné des outils supplémentaires pour m’améliorer dans mon travail quotidien, autant au point de vue technique que client.
Ma question en conclusion!
En conclusion, j’aimerais savoir si cette vidéo vous fait voir le Land Art différemment et si cela vous incitera à y porter attention, à vous déplacer pour voir les œuvres et les gens extraordinaires qui les composent.
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