L’asymétrie, une impression de stabilité en 3D
Par Isabel Harrisson et Johanne Martel AIFD CAFA
L’équilibre est un principe de design essentiel à connaitre. Il faut voir l’équilibre comme une pièce de monnaie, avec son côté pile et son côté face, son côté symétrique et son côté asymétrique. C’est sans conteste, un incontournable, car il est l’outil qui nous aide à disposer nos éléments selon les lois de la nature. C’est un concept universel, utilisé dans de nombreux métiers dits d’Arts visuels.
Pourquoi en 3 dimensions? Parce que notre médium, et notre référence, étant la nature, doit être travaillé avec la perspective, c’est à dire en hauteur, en largeur, mais aussi en profondeur. Comme un peintre qui crée une impression de profondeur dans une toile (médium 2D) grâce à cette même perspective. Cela nous oblige à utiliser nos connaissances sur le positionnement des végétaux et la gestion de l’espace dans les divers styles floristiques de notre connaissance, par exemple le décoratif, le végétatif, le linéaire ou encore une combinaison de différentes caractéristiques de celles-ci. Cliquer sur le style floristique pour voir la vidéo qui y est associée.
On réalise une asymétrie lorsque notre axe est décentré et que l’on positionne des éléments ou groupes d’éléments de manière à obtenir un équilibre malgré un axe qui n’est pas au centre.

La règle d’or
Pour y parvenir, nous nous servons de la règle d’or, le fameux 1/3, 2/3 que l’on applique dans un contexte de perspective. Cette règle est utilisée autant par les artistes que par les architectes depuis l’époque de la Grèce antique. On doit d’abord déterminer où est notre axe. Celui-ci se doit d’être décentré, puis ajouter à une certaine distance de cet axe un élément ou groupe d’éléments que l’on qualifie de Principal et que l’on peut associer au chiffre symbolique 8, histoire de se donner une idée approximative de taille. Ensuite, on place un élément ou groupe d’éléments dit Secondaire qui doit faire le 5/8 du principal et être placé le plus loin possible de dernier. Cela ne suffit pas cependant à rétablir l’équilibre. Il faut compléter avec un Complémentaire, qui doit être placé à la fois loin du secondaire, près du principal et près de l’axe. Si le complémentaire est situé directement sur l’axe, il peut servir en même temps de point focal. Ce complémentaire doit compter, visuellement parlant, pour 3/8 du principal… Ouf, ça l’air compliqué, mais ça ne l’est pas!
Si on change de point de vue et que l’on voir l’asymétrie vue d’en haut, on peut la figurer comme une pointe de tarte un peu croche.

S + C = P (Secondaire plus Complémentaire égal Principal)
Enfin, il faut comprendre qu’il s’agit de poids visuel. Nous ne sommes pas dans l’obligation de mettre 8 gerberas pour le Principal, 5 gerberas pour le Secondaire et 3 gerberas pour le Complémentaire… c’est certes une façon de ne pas se tromper, mais on doit fonctionner au volume visuel des éléments et juger lequel nous semble le plus imposant pour faire notre Principal, puis décliner vers des éléments qui nous semble visuellement plus petits ou légers pour le Secondaire et le Complémentaire… bref, en asymétrie, il faut exercer son jugement!
Minimum 2 sur 3 ou 3 sur 3!
Une consigne faisant partie de la règle demande également d’avoir au minimum deux éléments ou groupes d’éléments sur trois de la même variété ou de la même couleur. Parfois pour débuter, de faire l’exercice avec trois éléments ou groupe d’éléments de la même variété aide à comprendre et visualiser la base de l’asymétrie. De le faire en composition piquée permet également de mieux visualiser et au fur à mesure ajouter plusieurs asymétries (S+C=P) différentes (fleurs, végétaux, matériaux inertes). Étant une composition piquée, il est facile de l’observer, de corriger et d’apprécier la valeur qu’apporte l’asymétrie dans le travail de l’artisan floral.
Avec la maîtrise manuelle vient la maîtrise visuelle, il est facile du regard, de voir le travail et de repérer les différentes asymétries formées. Et si quelque chose est détonnant, même un client peu le remarquer, car cette règle est l’une de la nature. Donc sans comprendre et expliquer en termes techniques il peut pointer ce qui ne respecte pas la règle ou lui semble bizarre. Parfois utile, lorsque nous cherchons l’erreur, ou ce qui cloche. Vous connaissez l’expression disant qu’on ne peut pas bien voir, si l’on a le nez collé sur la porte!
L’équilibre dans le déséquilibre!
Dans la composition présentée ici, nous avons créé plusieurs asymétries (S+C=P) avec chacune des variétés de fleurs que nous avions, selon le volume respectif de ces dernières et en créant des niveaux entres les divers groupes d’éléments pour un bouquet avec beaucoup de relief et de texture. Ce qui est particulier dans ce bouquet lié, c’est que les asymétries sont contenues dans une structure ronde, ce qui est une forme symétrique… Bref, on peut faire beaucoup d’effet avec l’équilibre.


Décentrer l’attention pour ouvrir à une nouvelle perspective!
L’asymétrie, bien que très utilisée dans plusieurs domaines d’art visuel, permet de faire des compositions qui, parce qu’elles sont décentrées, offrent un élément qualifié d’originale… c’est, en fait, jouer avec ce que notre cerveau est moins habitué de décoder.
Il faut également admettre, qu’il faut bien comprendre et que la maîtrise demande un peu plus de réflexion et d’adaptation selon l’effet final recherché. Mais force est tout aussi juste d’apprécier le résultat final pour le plaisir du client, d’acquérir une œuvre différente et originale.
Des questions, des commentaires?
L’asymétrie serait-elle un principe d’équilibre permettant de distinguer favorablement le travail de l’artisan floral, de ce qui s’offre en grande surface?
Aurions-nous avantage à le publiciser?
hello, Biarritz est asymétrique, bien entendu!
Bonjour
Merci pour cette vidéo pro!!! Suis plutôt asymétrique également!